Un scandale vient d’éclater dans le milieu de l’entrepreneuriat en France. Il concerne la start-up D+ For Care. En effet, sa fondatrice et CEO, Claire Despagne a donné une interview dans laquelle elle affirme qu’il était difficile de trouver des stagiaires. Selon elle, ces derniers doivent faire plus de 35 heures de travail par semaine. La vidéo de cet entretien a été publiée sur YouTube. Même si l’extrait de l’interview a été supprimé par la suite, plusieurs internautes l’ont enregistré. Les détails de ce scandale qui défait la chronique dans cet article.
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Les détails de la polémique Claire Despagne
La vidéo publiée et supprimée de YouTube représente un extrait d’un entretien accordé à Claire Despagne dans le podcast Liberté d’Entreprendre. Ce dernier est animé par Céline Amaury, directrice du groupe Prunay, et Stanislas de Capèle, fondateur de Quatorzième mois. Dans cette vidéo, on entend la voix de l’entrepreneure et fondatrice de D+ For Care s’offusquer de ne plus pouvoir recruter des stagiaires.
Elle ajoute qu’il est insensé d’engager des alternants, car les diplômés d’école de commerce exigent des salaires trop élevés. Elle ajoute : « ce phénomène concerne aussi les diplômés de la business school EDHEC ».
Dans cet extrait vidéo, on entend la créatrice de cette marque de compléments alimentaires naturels expliquer ses difficultés à trouver des stagiaires. La raison ? Des établissements qui lui diraient : « Si j’apprends que mon apprenant dépasse 35 heures de travail par semaine, je lui interdirai de continuer à travailler pour vous ». Pour elle, ce genre de mise en garde ne profite pas aux futurs stagiaires pour qui il sera difficile de se faire engager dans une start-up.
Elle ajoute ensuite : « Dans le milieu professionnel dans lequel je suis, si je ne bosse pas 80 heures par semaine, il y a peu de chance que je réussisse à avoir un appartement, une résidence secondaire et une autre si possible. »
Il est important de préciser que tous les diplômés des Grandes Écoles n’ont pas les mêmes ambitions que Claire Despagne. Par exemple, tous les entrepreneurs lambdas et les salariés ne souhaitent pas avoir une résidence secondaire. Pour la majorité, l’enrichissement est moins capital que le fait d’apporter sa pierre à l’édifice d’une société plus juste. Pour preuve, une enquête insertion de la Conférence des Grandes Écoles a révélé que la rémunération occupe la 5e position des préoccupations des étudiants de business schools.
Toutefois, Claire Despagne a fait une nuance très importante qu’il convient de mentionner ici. Pour elle, le marché du travail et le monde actuel deviennent de plus en plus exigeants. Elle affirme que les années 80 et 90 offraient plus de chance aux diplômés. À cette époque, il suffisait d’être diplômé d’une « école de commerce moyenne » et avoir un peu d’intelligence pour créer sa start-up, sa PME et être propriétaire.
Depuis ces déclarations, les internautes se sont lâchés sur le réseau social à l’oiseau bleu. Cette polémique enregistre plus de 16 000 tweets. Ils ont aussi réagi sur la page Google de la start-up pour exprimer leur mécontentement. Ce scandale a fait baisser drastiquement la note de D+ For Care sur la page. Elle est actuellement à 1,1/5.
Malheureusement, cette polémique a dépassé les murs des réseaux sociaux. Une source proche de la fondatrice de D+ For Care a indiqué au Figaro qu’elle a reçu des « menaces physiques sur elle, sa famille et ses collaborateurs ». Elle a expliqué qu’elle prend actuellement des mesures pour garantir la sécurité de tout le monde et contenir la violence démesurée.
Que nous révèlent les déclarations de Claire Despagne sur les conditions de travail en start-up ?
Ces déclarations de Claire Despagne mettent en lumière les conditions de travail dans de nombreuses start-ups. Elles égratignent surtout l’image des chefs d’entreprises. Elles donnent l’impression qu’ils pensent plus au gain, aux intérêts et à la possession de biens matériels qu’au but même de leur entreprise.
Par ailleurs, le compte Instagram Balance Ta Start-up avait déjà mis en avant la problématique soulignée par Claire Despagne. Ce collectif a publié les témoignages des salariés de start-ups qui dénoncent les conditions de travail dans leur société. Il a aussi souligné un autre problème différent de celui souligné par la CEO de D+ For Care.
Cette problématique concerne les plaintes des salariés au moment de la phase importante du scale-up. Il s’agit de l’étape où les start-ups atteignent un nouveau cap et engagent de nouveaux collaborateurs. À cette phase, elles accordent parfois moins d’importance au management ou à l’intégration.
Il est important de préciser que les propos de Claire Despagne et du collectif Balance Ta Start-up ne concerne pas toutes les start-ups. Plusieurs d’entre elles accordent une grande importance à la qualité de vie et à l’ambiance au travail. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la majorité des diplômés de Grandes Écoles préfèrent commencer leur carrière professionnelle dans ce milieu.
Quelles sont les répercussions de ce scandale sur sa start-up ?
Cette polémique n’a pas que fait chuter la note de la start-up sur Google. Elle a eu un impact énorme sur son image. Il semblerait même que les community managers de D+ For Care ont beaucoup travaillé pour supprimer les commentaires et les avis négatifs publiés sur la page Instagram de l’entreprise.
Actuellement, les internautes ne peuvent plus donner leur avis sur les posts de la marque sur son compte Instagram. Malgré ces mesures, les internautes contre-attaquent avec l’emoji « en colère ».
Toutefois, les collaborateurs de Claire Despagne ne peuvent réussir à éteindre l’incendie qui s’est enflammé sur Twitter. Depuis quelques jours, plusieurs utilisateurs se sont insurgés et moqués de cette interview. Cette dernière a été supprimée par YouTube.
Les milliers de réactions des internautes montrent que l’avis de la fondatrice de cette marque de compléments alimentaires naturels ne correspond pas aux attentes des étudiants ni de l’Inspection du Travail. Il n’y a pas de doute actuellement que les ventes de la start-up soient fortement affectées par cette polémique.
Que savoir sur le collectif « Balance Ta Start-up » ?
La polémique Claire Despagne est un véritable bad buzz. Ces propos ont été largement partagés sur les réseaux sociaux. Les mots les plus utilisés pour qualifier ses déclarations sont : #esclavage, #précarité #exploitation et #bullshit. Il faut préciser que ce scandale n’est pas isolé puisque depuis quelques années les start-ups sont épinglées.
Le compte Instagram Balance Ta Start-up a contribué à voir réellement l’image de ces jeunes pousses qui mettent en avant une vie agréable en start-up. Derrière ce voile se cachent les abus et les dérives managériales. En 2017, Mathilde Ramadier dénonçait les mauvaises conditions de travail dans ces entreprises dans son livre intitulé « Bienvenu dans le nouveau monde. Comment ai-je survécu à la coolitude des start-ups » ?
En janvier 2021, le collectif Balance Ta Start-up avait relayé des témoignages d’anciens stagiaires et travailleurs sur leur condition de travail. Ceux-ci ont évoqué du « harcèlement moral » dans la structure Lou. Yetu. Il s’agit d’une entreprise spécialisée dans la vente de bijoux made in France. Indignés, les internautes avaient appelé au boycott de l’enseigne.
Faut-il qualifier Claire Despagne de manager agressive et tyranne ?
Cette question est légitime. La raison ? Claire Despagne a utilisé des termes assez violents pour décrire sa personnalité et son management : « déployer toute son agressivité ». Après ce scandale, le compte Instagram Balance ton Agency a enregistré plusieurs témoignages. Précisions qu’il est actuellement difficile de prouver la véracité de ces commentaires. Toutefois, ils semblent crédibles puisqu’ils proviennent de différentes personnes proches de Claire Despagne.
Les propos de la fondatrice de D+ For Care dans le podcast Liberté d’Entreprendre ont véritablement marqué les esprits. Elle indique « J’ai toujours voulu avoir une grande tour d’immeuble en verre, avec de nombreux collaborateurs, un avion portant mon nom sur le côté. J’étais despote depuis ma tendre jeunesse ».
Un ancien employé de l’enseigne a publié sur le mur de Balance ton Agency ce qui suit : « Je vous écrit, car j’ai été alternante pour la marque et en raison des conditions de travail difficiles, j’ai démissionné après 3 semaines de travail ».
Il ne s’agit pas du seul message à décrire les abus managériaux de D+ For Care. Balance ton Agency a également d’autres témoignages de partenaires de la marque. Le premier était une agence qui a écrit : « J’ai travaillé pour la CEO de D+ For Care pour mon ancienne agence. Elle était très mauvaise. Elle nous écrivait tous les jours, y compris les soirs et les week-ends. Elle nous regardait de haut. Elle a même fait pleurer l’une des cheffes de projet qui travaillait sur le dossier. ».
Un prestataire photo a également donné son témoignage en ces termes : « Je me permets de vous écrire, surtout en ce qui concerne le sort réservé aux prestataires de la CEO Claire. Elle est simplement horrible avec les équipes. Elle leur parle très mal, et ceci devant tout le monde. Elle méprise tout le travail des créateurs d’images. Elle dénigre totalement leur travail. Un jour, elle s’est même permise de déchirer un set design devant tous les collaborateurs, réalisé par un set designer. Elle utilisait les remarques du genre : “J’ai payé un set designer ou pas ?”… »